20 romans australiens à lire avant de fêter ses 30 ans

Ça faisait longtemps que je n’avais pas publié de liste de livres australiens à lire. Cette fois-ci, c’est la librairie Readings qui a crée une liste de 20 livres à lire avant ses 30 ans. Je tombe donc pile poil dans la catégorie, mais il va falloir que je m’active quand même un peu si je veux en venir à bout d’ici 1 an et demi. Bien entendu, il ne s’agit que d’un prétexte pour parler (ou reparler) de livres considérés comme des « classiques » de la littérature australienne, tout le monde peut donc les lire !

C’est parti !

Le bateau de Nam Le, traduit par France Camus-Pichon (The boat

Une partie du tout de Steve Toltz traduit par Jean Léger (A fraction of the Whole)

Loaded de Christos Tsiolkas (traduction indisponible)

Swallow the Air de Tara June Winch (traduction indisponible)

The women in black de Madeleine St John (Aucune traduction ne sera jamais disponible selon les souhaits de l’auteur)

Affection: A Memoir of Love, Sex and Intimacy by Krissy Kneen (traduction indisponible)

La véritable histoire du Gang Kelly de Peter Carey traduit par Elizabeth Peeleart (True Story of the Kelly Gang)

The monkey’s mask de Dorothy Porter (traduction indisponible)

Her Father’s Daughter d’Alice Pung (traduction indisponible)

Monkey Grip d’Helen Garner traduit par Jean-Jacques Portail (Monkey Grip)

A Lifetime on Clouds de Gerald Murnane (traduction indisponible)

L’homme qui aimait les enfants de Christina Stead traduit par Francoise Brodsky (The man who loved children)

Tirra Lirra de Jessica Anderson traduit par Rose-Marie Vassallo-Villaneau (Tirra Lirra by the river)

Night Games: Sex, Power and Sport de Anna Krien (traduction indisponible)

Candy de Luke Davies traduit par Mona de Pracontal (Candy)

Les lois de la famille de Benjamin Law traduit par Elisabeth Peellaert ( The family law)

Butterfly de Sonya Hartnett (traduction indisponible, mais d’autres titres du même auteur ont été traduits)

It’s Raining in Mango by Thea Astley (traduction indisponible)

He Died with a Felafel in His Hand by John Birmingham (traduction indisponible)

Scission de Tim Winton traduit par Nadine GASSIE et Océane BIES (The turning)

Entretien avec les éditions Belfond – La littérature australienne à la conquête du monde

Les éditions Belfond ont récemment publié Jesus Man de Christos Tsiolkas ou encore Les lois de la famille de Benjamin Law mais leur intérêt pour la littérature australienne n’est pas né d’hier. Caroline Ast, directrice éditoriale adjointe de Belfond répond à mes questions.

Les éditions Belfond publient régulièrement des romans écrits par des auteurs australiens, pourriez-vous nous en dire un peu plus…
Il y a une longue tradition d’auteurs australiens au catalogue Belfond, de Frank Moorhouse à Venero Armano, en passant par Nikki Gemmel. Ces dernières années, cette tradition a été ravivée avec la publication des livres de Steve Toltz, Richard Flanagan, Christos Tsiolkas et Benjamin Law. L’intérêt pour la littérature australienne a connu un retour de flamme à la lecture de La Gifle. Belfond a en effet été un des premiers éditeurs étrangers à acquérir les droits de ce roman qui est ensuite devenu un phénomène mondial. Suite à cette acquisition, j’ai eu la chance et le privilège d’être conviée par l’Australian Council à rencontrer les éditeurs et agents australiens en 2010. J’ai ramené de cette enrichissante visite nombre de contacts et un jeune auteur prometteur : Benjamin Law.


L’année dernière vous publiiez le roman La gifle de Christos Tsiolkas (sorti en Novembre 2008 en Australie), et cette année c’est au tour de son roman Jesus Man écrit en 1999. Comment se fait-il que cet auteur célébré en Australie n’ait pas été publié plus tôt par les éditeurs français ?
Les agents et éditeurs australiens étaient assez méconnus. La situation est en train de changer et le succès de La Gifle y a largement contribué. Ils étaient jusqu’ici beaucoup représentés par des agences anglaises ou françaises, nous n’avions que peu de contacts directs avec eux. De plus, en raison de la distance, ils se déplacent peu aux Foires les plus importantes, Londres ou Francfort. Jusqu’à La Gifle, Tsiolkas était un auteur reconnu et célébré dans son pays, mais ses quatre précédents livres dont Jesus Man, plus difficiles d’accès, n’avaient jamais dépassé les frontières. Il a fallu attendre La Gifle, au sujet plus vaste et plus accessible à un public mondial et de plus auréolé de tous les prix possibles en Australie pour qu’il accède à une reconnaissance mondiale.

Selon vous, en quoi la littérature australienne est-elle différente de la littérature anglo-saxonne (UK, US?
La littérature australienne se démarque actuellement par sa vitalité. Pour faire un raccourci saisissant, elle représente en quelque sorte ce que la littérature américaine a été dans les années 50 : ample, vaste, n’ayant pas peur de s’attaquer à des sujets difficiles ou peu abordés. Elle s’appuie aussi sur une histoire tout à fait particulière, récente, empreinte de violence, voire de sauvagerie. A l’image du pays, elle est contrastée, passant sans difficulté des grands espaces aux paysages urbains, du ranger au trader, du surfer à l’aborigène.


Que recherchez-vous quand vous achetez les droits d’un roman australien ? Pensez-vous que les lecteurs aient des clichés en tête lorsqu’ils choisissent ces livres ?
Il y a certainement un cliché dès qu’on parle de l’Australie, un cliché nourri de grandes plages, de vie saine au grand air, d’espaces immenses et encore sauvages, d’animaux exotiques. Ce que nous recherchons dans un roman australien, c’est tout ce qui va nous permettre d’aller au-delà de ces clichés, de toucher de plus près une vérité autre. Pour revenir à La Gifle, l’intérêt réside dans le fait que le livre est résolument ancré dans une Australie contemporaine dont on découvre peu à peu les contradictions. Pourtant, de par son sujet, de par la profondeur de sa réflexion, ce livre a trouvé une résonnance mondiale.


Quels auteurs recommandez-vous pour découvrir la littérature australienne?
Toute la folie, la fantaisie, le désespoir australien est résumé dans Une partie du tout de Steve Toltz. Avec Tsiolkas, on découvre une Australie contemporaine et plus brutale que celle que nous décrivent les guides touristiques. Pour découvrir la Tasmanie mais aussi une partie de l’histoire australienne, il faut se plonger dans les romans de Richard Flanagan, notamment le superbe Dispersés par le vent. Enfin, je triche car l’auteur n’est pas australien, mais on a rarement lu plus drôle et plus addictif que Piège nuptial de Douglas Kennedy sur une virée dans le bush.

Merci infiniment à Caroline Ast et aux Editions Belfond pour leur collaboration.

The family law / Les lois de la famille de Benjamin Law

The family law de Benjamin Law, Black Inc 2011
Les lois de la famille traduit par Elizabeth Peelleart, Belfond Editions 2012

Benjamin Law, jeune trentenaire homosexuel d’origine chinoise qui a grandit en Australie, nous offre une autobiographie colorée de ses souvenirs d’enfance et d’adolescence. Il nous dépeint avec humour les petits tracas de la vie de tous les jours. Affublé d’un frère quelque peu psychopathe, de trois sœurs, d’une mère atteinte d’un cancer du sommeil après sa séparation avec leur père, et d’un père roi de la cuisine thaïlandaise, Benjamin s’est sort plutôt bien.

Ce livre rythmé, divertissant et drôle arrive juste à temps pour les longues journées de farniente sur les plages de cet été. Ces 23 petits chapitres abordent des thèmes hauts en couleurs tels que les Noëls en famille, les (nombreuses) affaires de son père, la nudité, les descriptions imagées de la naissance des cinq enfants par sa mère, un cours d’éducation sexuelle qui tourne mal…

Dans ma famille on n’aime pas trop les activités extérieurs. Bien qu’ayant grandit sur la côte, maman déteste aller à la plage (tout ce sable que l’on ramène à la maison), et papa ne supporte pas de porter des tongs (« ça écarte les orteils »). Nous n’avons jamais campé. Tous ces trucs de camping – planter la tente ; faire la cuisine dehors ; les insectes ; faire ses commissions dans la nature ; dormir sur des cailloux ; se faire tuer ou violer au milieu de nul part – ne nous ont jamais emballés. […]. Nous, on préfère les parcs d’attractions.

Et lorsque Benjamin travaille dans l’épicerie de son père
Comme employé, j’étais maladroit. Une fois, en scannant une bouteille de sauce soja brune à la caisse, elle m’a échappé des mains, et a explosé contre le rebord de la caisse en granite en milliers de petits morceaux, projetant de la sauce soja dans tous les sens. […] Quand j’ai levé les yeux, une femme brune, la quarantaine – les enfants attendaient dans la voiture – était couverte de ce truc. Son chemisier blanc taché de noir, avec encore quelques petits espaces blancs où la sauce ne l’avait pas atteinte. Il y en avait sur son visage, dans ses cheveux, des petites taches de liquide comme des gouttes de rosée qui auraient mal tournées.

Je n’étais pas seulement maladroit, j’étais aussi un menteur pathologique. Quand des clients me demandaient quelque chose que je ne savais pas, je devenais soudain spécialiste de tout ce qui était oriental ou avait un lien avec la nourriture.  Les mérites des cinq épices. La fraîcheur de la viande de canard. La situation politique de la Chine. Peut-on congeler des fèves germées ? Bien sûr que oui. Plus tard, je retrouvais mon père dans son bureau. […]. Et est-ce qu’on peut congeler des fèves et les décongeler après ? Il fit la grimace. «  Bien sûr que non. Elles deviendraient toutes visqueuses comme des limaces. Il faut les manger fraîches. Très rapidement.» Il s’est frotté les tempes. « Pourquoi ? Qui a demandé ? » « Oh, personne, c’était juste par curiosité.

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