Quelques grands auteurs australiens

En découvrant la littérature australienne, on peut vite se sentir dépasser. En effet, sans aucun repère pour savoir quels sont les auteurs classiques, difficile de savoir par où commencer.

Après un petit tour d’horizon de livres consacrés à la littérature australienne, dont le livre de Jean-François Vernay – Panorama du roman australien et History of Australian literature publié par Cambridge Press, j’ai demandé conseil à Angela Meyer et Elizabeth Lluede. Voici donc une liste des grands auteurs australiens.

Pour ce premier billet, place aux femmes !

XIXe – première moitié du XXe siècle

Barbara Jane Baynton, née en 1857 en Nouvelle-Galles-du-Sud, elle est la fille d’immigrés irlandais. En 1890, elle commence à écrire des nouvelles et articles pour le magazine littéraire The bulletin. Faute d’avoir trouvé un éditeur à Sydney, elle se rend à Londres où ses six nouvelles sont publiées dans le recueil Bush Studies en 1902. Elle y décrit la vie dans le bush sans idéalisation, dépeignant son dégoût de la solitude et la dureté de cette vie. En 1907, elle écrit son premier roman Human Toll, qui selon A. A. Phillips possède « quelques-uns des traits de son écriture caractéristique…et une compréhension clairvoyante de la nature humaine ».

Ethel Florence Lindesay Richardson (Henry Handel) est née en 1870 dans le quartier de Fitzroy en Victoria. Elle vécut plus de 58 ans à l’étranger, notamment en Allemagne et en Angleterre où elle ne se sentit jamais chez elle. Ethel adopta le pseudonyme de Henry Handel Richardson pour diverses raisons, l’une des raisons principales fut probablement de lutter contre les préjugés de l’époque quant à l’écriture « féminine ». Son plus célèbre ouvrage est la trilogie The Fortune of Richard Mahony. Un roman typique du pays et de l’époque, sur la montée du capitalisme du 19e siècle à la suite de la ruée vers l’or.

Stella Maria Sarah Miles Franklin est née en 1879 en Nouvelle-Galles-du-Sud. Son père ne fut jamais un bon entrepreneur et la famille alla de faillites en faillites. Cette descente dans l’échelle sociale contribua à lui donner son caractère fier, son goût du féminisme et sa passion pour l’écriture. Elle raconte son histoire sous les traits quelque peu romancés de Sybylla Melvyn dans Ma brillante carrière publiée par un éditeur britannique en 1901. Toute sa vie, Miles Franklin fut une femme indépendante, refusant de se marier, voyageant seule à travers le monde et promouvant les jeunes auteurs australiens dès les années 30. Sa maigre succession fut utilisée pour créer le Prix littéraire Miles Franklin qui récompense encore aujourd’hui les meilleurs auteurs australiens.

Gwen Harwood est née en 1920 dans l’état du Queensland. Elle est une des grandes poètes & librettistes australiennes. Elle a publié plus de 420 écrits dont les thèmes principaux sont la maternité, la condition féminine ainsi que les paysages de Tasmanie où elle a vécu, et la dépossession de ces terres des aborigènes. Ses poèmes sont aujourd’hui étudiés à l’école et font toujours écho au monde moderne.

  • Poems (1963)
  • Poems Volume Two (1968)
  • The Lion’s Bride (1981)
  • Bone Scan (1988)

Christina Stead quitta son Australie natale en 1928 pour n’y retourner qu’en 1968 lorsqu’un prix littéraire lui fut refusé sous prétexte « qu’elle avait cessé d’être australienne ». Son roman le plus connu est The man who loved children (réédite en 1965) et fut alors encensé par la critique. Cette histoire s’inspire sur sa propre jeunesse et fut publiée pour la première fois en 1940 sans rencontrer un grand succès. Le roman raconte l’histoire des Pollits, une famille dysfonctionnelle et malheureuse.

  • The Beauties and Furies (1936)
  • The Man Who Loved Children (1940)
  • Letty Fox: Her Luck (1946)

Les titres indiqués offrent un aperçu des œuvres majeurs de ces auteurs, mais ne sont en rien exhaustifs.

Dark Palace de Frank Moorhouse

Dark Palace de Frank Moorhouse, Random House 2000

Dark palace - Frank Moorhouse

Ce livre de Frank Moorhouse est le deuxième volume de la Trilogie Edith, qui fait suite à Grand days – Tout un monde d’espoir. Il fait 657 pages et pèse 1.08kg… et comme je n’ai pas été très rapide pour le lire, mon sac a pesé une tonne pendant un certain temps.

Dark Palace s’ouvre donc 5 ans après qu’Edith ait rejoint la Société des Nations à Genève. Malgré toutes ses bonnes intentions, le pouvoir de la Société de Nations s’affaiblit par la crainte du monde d’une nouvelle guerre. Les tentatives de désarmement et de sanctions pour les pays qui ne respectent pas le pacte historique n’ont abouti à rien ; la campagne de Mussolini en Italie et l’invasion de l’Ethiopie marquent un tournant pour l’organisation, car l’Italie se retire de l’organisation et se rapproche de l’Allemagne nazie. La SdN devient rapidement impuissante face à la montée du parti nazi puis face à l’invasion des pays neutres par l’Allemagne. La Seconde Guerre mondiale a eu raison d’elle, en 1945 ils ne sont plus que 30 et travaillent ensemble dans la bibliothèque. Mais Edith est dédiée corps et âme à la chère SdN et elle restera aux côtés du secrétaire général (d’abord Avenol, puis Lester) jusqu’à la fin de la guerre.

Ce volume de la trilogie est passionnant, car on entre dans le cadre très privé des négociations de paix et on connaît tout des petites guéguerres entre les états membres. On regarde tout cela par le trou de la serrure dans le style très vivant et ironique de l’auteur. A toutes ses discussions politiques se mêlent des épisodes de la vie d’Edith, et c’est ce qui me plaît le plus. Lorsque le livre débute, Edith est heureusement mariée depuis un an. Elle vit avec Robert qui est journaliste et se satisfait de cette vie conventionnelle et de leur mariage qu’elle dit « moderne ». Mais s’en satisfait-elle vraiment ?

Ils restèrent assis en silence. Peut-être n’était-elle pas dévouée comme il fallait ? Et par conséquent pas mariée comme il fallait non plus ?
C’était exactement ça qui l’avait troublée toute la soirée, et qui paraissait maintenant clair que de l’eau de roche, elle n’était peut-être pas une femme comme il fallait.
Mais oui bien sûr.
Elle sentit la panique l’envahir à cette pensée.
Elle travaillait, et pourtant elle n’avait aucune envie de fonder une famille. Elle ne s’occupait pas de la maison en dehors de quelques petites choses, elle gagnait plus que son mari, et elle avait également un revenu secret qui avait survécu à la crise de 1929. Et cependant, sans aucune raison valable, elle continuait de le cacher à son mari.
Et si elle avait été une femme comme il fallait, peut-être lui aurait-elle dit pour les Etats-Unis avant le bouclage du journal.
Avait-elle négligé une grande partie de leur contrat de mariage ?
Étaient-ils alors simplement des amants, prétendant être mari et femme ?
Ou pire, était-il un mari comme il faut et elle simplement une maîtresse ?
Que se trouvait-il vraiment dans son contrat de mariage ?

Ce genre de monologue, c’est ce que je préfère chez Moorhouse, plein de vie et des pensées à mille à l’heure. Edith est drôle, sensible et attachante. Elle est également brillante, surprenante et décidée, et c’est une femme moderne, une femme que j’admire. Le livre est semé de détails croustillants sur les expériences d’Edith, à Genève, au fameux Molly Club, mais aussi en Australie. Bien sûr, le bonheur de retrouver Edith pendant les 400 premières pages est intact, mais sur les 260 dernières, on tire un peu la langue. Il me semble que le troisième tome est aussi long, je vais donc attendre quelques mois avant de m’y plonger.

Ce roman a reçu le prix littéraire australien Miles Franklin en 2001, mais malheureusement, il n’a pas été traduit en français.

Le Stella Prize – Prix littéraire féminin

La sélection de la toute première édition du Stella Prize (dont le nom est inspiré par l’auteur Stella Miles Franklin) viennent d’être annoncée. Ce prix est le premier du genre en Australie car il est réservé aux auteures féminines uniquement et le jury est composé entièrement de femmes. La gagnante se verra attribuer 50,000$ le 16 avril prochain.

Les titres suivants ont été retenu :

The Burial de Courtney Collins

Questions of Travel de Michelle de Kretser

The Sunlit Zone de Lisa Jacobson

Like a House on Fire de Cate Kennedy

Sea Hearts de Margo Lanagan

Mateship with Birds de Carrie Tiffany


Autant dire que j’ai du boulot sur la planche…

Pour plus d’information sur le Stella Prize, visitez leur site internet.

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